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« ça, c'est pas une maison, ça c'est une cabane, dans une cabane il pleut, dans une cabane il fait froid ! » à la croisée du documentaire et de la fiction, le destin d'une famille Algérienne, du bidonville de Nanterre à son relogement.1962, alors que la guerre d'Algérie prend fin, Soraya débarque, à Orly, avec ses deux enfants. Ils sont venus rejoindre Kader, le chef de famille, arrivé lui en France quelques années plus tôt pour contribuer par son travail, comme beaucoup d'autres immigrés, au miracle des Trente glorieuses. Car la France des années 1950, en pleine relance économique liée à la reconstruction de l'après-guerre, favorisait à cette époque l'immigration des Portugais, des Espagnols et des Maghrébins pour fournir une main d'oeuvre bon marché aux industries du bâtiment et de l'automobile. Evidemment personne n'avait pensé à loger ces nouveaux prolétaires qui n'avaient d'autre alternative que de s'installer dans des baraquements en périphérie des grandes villes non loin des chantiers et des usines.Ainsi Kader habite le bidonville de La Folie à Nanterre et c'est là que la petite famille regroupée va s'installer.Monique Hervo, militante et témoin de l'époque, a vécu 12 ans à «La Folie», le plus vaste et le plus précaire des bidonvilles de Nanterre. En 1959, elle décrivait dans son journal, son arrivée : «Des milliers de tôles enchevêtrées se mêlent à des briques cassées : La Folie. Des moutons broutent l'herbe alentour. Gravats et vieilles ferrailles traînent aux abords de cette étrange cité, reliquats des déchets déversés ici par des entreprises : une décharge publique ! Je contourne le bidonville. Je n'ose y pénétrer. Je suis une intruse.[...] Situées derrière le palais de La Défense en construction luisant de blancheur, les baraques s'agrippent les unes aux autres dans un décor de débris de matériaux usés. Les chemins sont vides. Tout semble inerte.» Laurent Maffre dans son récit très documenté, nourri de témoignages, va suivre sur quatre ans les tribulations, le quotidien de cette famille, leurs conditions de vie, leurs espoirs et leurs désillusions . Si tous se souviennent encore ici de la manifestation du 17 octobre 1961, la vie continue avec pour priorité la quête d'un logement décent. Mais c'est sans compter sur les obstacles que l'administration française de l'époque lève face à eux.Un album on ne peut plus actuel alors que la xénophobie est devenue, plus que jamais, le fond de commerce de politiciens dévoyés.